vendredi 24 août 2007

Régulation des marchés

Un intérêt des troubles récents sur les marchés est l'alimentation d'une discussion acharnée sur des sujets qui jusqu'à présent n'intéressaient qu'une cohorte limitée de pessimistes. Parmi les sujets qui font surface, bien sûr, la régulation des marchés financiers revient au premier plan. Outre les habituelles postures creuses prises par des hommes politiques européens et français (qui de toute façon n'ont plus aucune influence sur le problème), on voit apparaître des discussions de fond dans des endroits improbales. Yves Smith (lien) évoque le sujet aujourd'hui.

Sans revenir sur le fond de la discussion, il est intéressant de se demander pourquoi la régulation est devenue si "impensable". S'agit il d'un aveu d'impuissance face au caractère globalisé de la finance contemporaine, ou est-ce le résultat de deux décennies de dérégulation forcenée et de bourrage de crâne sur ses bénéfices ?

Comme d'habitude la réalité est quelque part entre les deux, mais il faut bien admettre que nous avons connu, depuis le big bang des années 1980, une altération du discours qui a donné au concept même de régulation une connotation négative (dans les médias et les cercles de discussion sérieux, bien sûr : on n'évoque pas ici les éditos de libération). Cela est allé de pair avec le dénigrement systématique, et magnifiquement orchestré dans ces mêmes relais de débat, du rôle de l'Etat dans l'économie.

L'influence principale vient évidemment des Etats Unis et de la prévalence, dans le débat politique et économique américain, des idées de la droite américaine. Peu importe que Reagan ait présidé plus à une évolution qu'à une réduction du rôle de l'Etat, ses idées (ou plutôt celles de ses souteneurs intellectuels) ont empoisonné durablement le débat politique et économique. A tel point que, lorsque les faits montrent qu'un problème de fond existe dans le système financier international, des observateurs raisonnables et avertis comme YS mentionnent "unthinkable" avant de parler de régulation...