vendredi 8 février 2008

Recession watch

Le mot récession revient de plus en plus dans le discours général. A ce stade, même si les économistes de Wall St persistent à ne lui donner qu'une probabilité de 50%, les voix sérieuses (ie non irrémédiablement contaminées par les conflits d'intérêts de leurs employeurs) s'accordent à rejoindre Nouriel Roubini dans un diagnostic plutôt pessimiste. Ce dernier est évidemment le plus pessimiste des pessimistes, mais on aurait tendance à le luis pardonner dans la mesure où il a eu systématiquement raison depuis 2 ans (au moins, je ne suivais pas son blog avant 2006).

En France, le discours est en retard d'une guerre et se focalise encore sur les illusions d'une crise contenue, comme le nuage de Tchernobyl, à nos frontières. On nous explique que l'immobilier atterrit en douceur, les chiffres catastrophiques de la balance commerciale passent inaperçus (ou alors sont commentés en passant des habituelles excuses sur le méchant euro et les méchants vendeurs de pétrole) et, surtout, le gouvernement s'abstient soigneusement de traiter le sujet, ou s'accroche à des délires ayant trait, pour l'essentiel, à l'accession à la propriété.

A ce stade, où la profondeur de la crise qui nous attend est encore incertaine, il faut admettre que les arguments des pessimistes sont beaucoup plus convaincants que ceux des optimistes. C'est en particulier le cas de celui selon lequel il faudra bien que l'excès de crédit accumulé sur ces dernières années se résorbe. Je n'ai pas encore vu de description crédible d'un mécanisme de résorbption qui n'entraîne pas d'ajustements douloureux.

update : via Thoma, W. Poole, gouverneur de la Fed de Saint Louis et optimiste, a un argument intéressant : selon lui, ce qu'il voit aujourd'hui est une inquiétude des entreprises face à leur profitabilité, pas face à leur survie. Se pourrait il que l'amélioration récente de la profitabilité des entreprises, sur le dos d'un crédit pas cher et de la globalisation, ait un effet positif en agissant comme un amortisseur des effets récessionnistes ? C'est en tout cas une interrogation valable, à suivre...